5 septembre 2007

Voici l’histoire extraordinaire de deux gens bien ordinaire…

Voici un texte que j'ai écrit pour mon chum, afin qu'il n'oublie jamais ce qui nous raccorde l'un à l'autre.

Je l'ai appelé les pages de notre histoire...

Stéphane, comme ta mémoire est douée pour oublier, j’ai pensé mettre sur papier les trois jours qui ont fait de notre relation, une relation exceptionnelle. Je parle bien entendu de notre rencontre qui, comment dirais-je, sort de l’ordinaire… Je crois que chaque fois que nous aurons un doute sur nos sentiments ou quand on aura une bonne chicane, nous devrions relire attentivement ce texte afin de nous rappeler à quel point l'amour est fort entre nous. Ça nous donnera peut-être la volonté de se battre pour préserver ce cadeau qui nous a été offert il y a plusieurs années. L'amour car l'amour est une seconde vie, il pénètre notre âme, réchauffe chacune de nos veines comme un feu brûlant et règle chacun de nos battement de coeur.…
Tout a commencé pendant une longue et froide journée d’octobre...
25 Octobre 1997 :
J’ai dix sept ans, je vis en appartement depuis quelques mois à deux heures trente de chez mes parents en voiture. Je vois ma mère peu souvent et c’est difficile pour moi car je suis très proche d’elle, on est les meilleures amies du monde. J’habite un grand quatre et demi à Rouyn-Noranda en abitibi. Cette journée est spéciale car ma mère est venue me rendre visite, pour la première fois je la reçois à souper. Elle m’amène sa fameuse sauce à spaghetti, j’en ai l’eau à la bouche, juste d’y penser. On passe donc l’après-midi ensemble, on se fait un bon souper et peu de temps après le souper, elle doit déjà me quitter car elle a une longue route à faire avant d’être chez elle. Les routes sont glacées et enneigées, le temps est très froid et il y a beaucoup de neige pour un mois d’octobre. Je lui avoue que je me sens très seule et très loin de chez moi, de plus j’ai les quatre petits orteils du pied droit de cassés donc je suis à mobilités réduites pour quelques temps. Je lui demande donc vingt dollars pour aller dans un café Web se soir. On s’embrasse, se fait un gros câlin et elle part chez elle pendant que j’attends mon coloc. Quand il arrive, je le met en garde de ne pas partir et de ne surtout pas barrer la porte car j’ai perdu ma clé.
Je vais donc au café Web à deux coins de rue de chez moi. Heureusement que ce n’est pas loin car je n’ai pas de béquille et j’ai vraiment un mal fou à marcher. Chaque fois que mon talon droit se pose sur le sol pour faire un pas supplémentaire, j’ai une douleur poignante qui part du talon et qui se rend doucement vers mes orteils. Tout pour me rappeler que des orteils cassés, bien ça fait mal. J’arrive au café il est vingt heures trente, je paye pour un bon deux heures et je m’installe. Je suis seule comme cliente dans le café Web. Je comprends pourquoi aujourd’hui, la plupart des cafés Web sont fermés. Je m’ouvre une session sur un logiciel de chat " Mirc32 ". J’ai une gagne d’amis qui se tienne sur le canal " célibataire ". Je vais donc les rejoindre et on jase, on a du plaisir et je suis convaincu de passer une belle soirée. Vers vingt et une heure, une personne avec le nick " Dedj " de connect. Nous sommes en train de jaser de sujet chaud, on lui souhaite la bienvenue, on lui explique de quoi on parle et il se joint à nous et on ris rien qu’en masse. À un moment donner un des gars qui est en ligne se met à m’insulter. Et ce " Dedj " prend ma défense, je m’ouvre donc une fenêtre en privée avec lui et on se met à jaser. En même temps le fatiguant vient aussi me relancer en privé. Son nick à lui est " Steph24 ". Je lui parle un peu mais disons qu’il me dérange plus qu’autre chose mais je suis trop nouille pour lui dire poliment d’aller se faire cuire un œuf. Je jase donc avec les deux et ça devient mêlant car les deux s’appellent Stéphane, les deux on 24 ans et les deux habitent sur la rive-sud de Montréal. Voici un petit résumé de notre conversation ce jour là…
Grenouille : Bonjour ça va ?
Dedj : Oui et toi ?
Grenouille : Oui super bien merci
Grenouille : ASV
Dedj : 24, Gars, Sainte-Julie et toi ?
Grenouille : Sainte-Julie c’est où ça ?
Grenouille : 17, fille, Rouyn-Noranda en abitibi.
Dedj : Sainte-Julie c’est sur la Rive-Sud de Montréal
Grenouille : Ok, tu habites loin
Dedj : Toi tu habites loin
Dedj : Tu fais quoi dans la vie ?
Grenouille : Je vais à l’école et je garde des enfants et toi ?
Dedj : Je suis shipper dans une compagnie de pneumatique et je suis coach de hockey.
Grenouille : Je déteste les joueurs de hockey, je n’ai pas eu de bonnes expérience avec des joueurs de hockey.
Dedj : Oui mais moi je joue pas je coach.
Grenouille : Dans ce cas c’est toi qui leurs apprends à avoir une blonde différente dans chaque ville où il joue et à dire n’importe quoi au filles pour les avoir dans leur lit.
Dedj : Pas vraiment, je coach des enfants de 11 à 13 ans
Grenouille : Ouin, c’est différent, je vais te donner une chance
Dedj : Merci
Grenouille : Tu ressembles à quoi
Dedj : 5pi 7po, 170 lbs ; cheveux châtain et yeux pers et toi
Grenouille : hahahaha
Dedj : Quoi
Grenouille : Ma description ressemble beaucoup à la tienne
Dedj : Comment ça
Grenouille : 5pi 8po ; 170 lbs ; cheveux châtains ; yeux noisette
Dedj : Ça ne se ressemble pas tant que ça.
Dedj : As-tu une photo de toi ?
Grenouille : Non, je suis dans un café Web et on ne peut avoir de fichier de sauvegarder. Mais une de mes amis est en ligne et elle en a une, je lui demande de te l’envoyer ok.
Dedj : Ok
Grenouille : C’est quoi ton nom ?
Dedj : Stéphane et toi
Grenouille ; Crime c’est drôle, je parle avec le fatiguant de tantôt dans un autre fenêtre et il s’appelle Stéphane lui aussi et il a la même âge que toi mais lui il reste à Boucherville, sauf que je sais pas c’est où..
Dedj : Bizarre, Boucherville c’est près de Sainte-Julie.
Grenouille : As-tu reçu ma photo ?
Dedj : Oui, tu es jolie, donne-moi une minute, je t’envoi la mienne
Grenouille : Non, je ne peux recevoir de fichier ici…
Dedj : C’est dommage…
Grenouille : À qui le dis-tu !
Grenouille : Je vais devoir te laisser, mon temps est bientôt expiré et comme je suis dans un café Web, quand c’est fini ça se déconnecte aussi tôt.
Dedj : Merde c’est poche, est-ce qu’on pourra se reparler bientôt ?
Grenouille : Je ne crois pas c’est cher venir ici et j’ai pas gros de sous. C’est 10$ de l’heure
Dedj : Criss c’est ben cher, ici ça me coûte 20$ par mois.
Grenouille : Wow t’es chanceux
Dedj : J’aurais aimé ça te reparler
Grenouille : Veux-tu mon # de téléphone… Tu as juste à m’appeler se soir…
Dedj : ok
Dedj : Ben donne le moi, ça fait 5 minutes que j’attends
Grenouille : Désolé, je l’ai écrit dans la mauvaise fenêtre, je ne suis pas habitué avec Internet et là le fatiguant a mon #
Dedj : hahahaha
Grenouille : Ce n’est pas drôle d’un coup qu’il m’appelle
Dedj : Tu lui raccrocheras au nez, tu me le donnes ton #
Grenouille : oui, et bye car il me reste 1 minutes
Grenouille : 819-764-6426
Grenouille : appelle vers 1h ok, car je vais être chez moi tard…
End of session…

Ça coupé sans savoir si tu allais vraiment m’appeler, sans que j’aille pu te dire au revoir. Au fond de moi-même j’étais convaincu que je n’allais jamais avoir de tes nouvelles. Et ce qui m’attendait à l’appart m’a vite fait oublié notre conversation. En arrivant chez moi, il était sûrement parti boire un coup chez un ami. Je me retrouve donc sans clé, sans argent, sans téléphone et avec un pied hors fonction. Je ne savais pas quoi faire, je paniquais. Dehors le temps était de glace et un simple bas de laine protégeait mon pied blessé du froid. J’ai donc attendu et attendu mon coloc. Je n’avais pas de montre. Je tremblais de partout tellement j’avais froid, je commençais à me sentir engourdi et mon rythme cardiaque commençait à être au ralenti quand j’ai eu le souvenir que j’avais laissé ma fenêtre de chambre ouverte d’un pouce pour aérer car j’avais lavée les planchers. Je fais le tour du bloc et je me retrouve donc face à face avec ma fenêtre de chance. Heureusement que j’habitais un demi sous-sol…
Je suis maintenant face un obstacle difficile. Une fois la fenêtre passée, je vais devoir sauter. J’ai la peur qui commence à m’envahir, il ne faut absolument pas que je saute sur mon pied droit. Juste à penser à la douleur que ça m’occasionnerait de sauter sur mon pied blessé j’ai envie de rester dehors au froid. C’est à ce moment que j’aperçois mon cadran. Il indique un heure trente du matin. Mon dieu, je pouvais bien commencer à me sentir toute drôle, j’étais piégé dehors depuis maintenant trois heures. Je me concentre et je me répète plusieurs fois, je dois sauter sur le pied gauche. Pourquoi as t’il fallu que je me casse tous les orteils du pied aussi. Mais ma concentration est dérangée, le téléphone sonne, je regarde l’heure, une heure trente sept. Qui donc peut bien m’appeler à cette heure. J’avais l’esprit tellement envahi avec les péripéties de ma soirée que j’avais complètement oublié que j’avais donné mon numéro au gars sur le chat. J’ai donc sauté sans réfléchir pour aller répondre au téléphone. Comme de raison j’ai sauté sur le pied droit, c’est donc en hurlant de douleur que j’ai répondu au téléphone. C’était Stéphane, moi j’ai toute suite pensé au Steph24 le fatiguant en oubliant complètement que le gentil " Dedj " s’appelait également Stéphane. Comme j’étais déçu que ce ne fût pas mon gentil " Dedj ", je n’étais pas trop enthousiaste au téléphone. Jusqu’à ce que je comprenne que c’était bel et bien mon " Dedj " qui m’appelait et non pas le tata de Steph24. Quand j’ai compris que c’était toi, mon mal de pied s’est vite dissipé.
À deux heures on a du reculer l’heure donc il était encore un heure du matin. Nous avons jasé sur pleins de sujets, on s’est confié des choses, on a écouté de la musique au téléphone ensemble. Tu m’as également expliqué que tu ne pourrais pas jaser des heures durant car demain matin, c’est la dernière course de Jacques Villeneuve et c’est année il sera le champion. Tu t’en allais voir la course au complexe Desjardins avec des amis et tu devais partir de chez toi à 6h30 du matin. Comme de raison tu n’es jamais allé au complexe Desjardins car nous avons jasé jusqu’à 6h30 du matin. On ne voulait pas raccrocher. On était en train de vivre quelque chose d’incroyable, d’indescriptible. Nous étions remplis de frissons, de papillons dans le ventre, nos respirations étaient haletées, un mélange d’angoisse et d’excitation nous envahissait. Tu n’arrêtais pas de dire que tu étais fou, fou parce que tu t’intéressais à une fille en lui ayant seulement parlé au téléphone et sans même l’avoir jamais vu. Mais ce sentiment aussi spécial pouvait t’il être, nous emplissait de bonheur, ça nous faisais rêver. On avait l’impression pour la première fois de notre vie, de vivre. Mais la fatigue a eu raison de nous et nous avons finalement raccroché. Bien entendu, on n’a jamais pu fermer l’œil car ces sentiments refusaient à présent de quitter notre esprit. Étendu chacun sur nos lit, séparés par huit cent kilomètres, on était immobile à regarder le plafond en essayant de comprendre ce sentiment qui était omniprésent en nous. Malgré ton corps qui te demande de dormir, tu luttes pour ne pas dormir car tu te questionnes sur cette chose que tu es en train de vivre, qui est si forte, qui te ronge jusqu’au fond des tripes. Ce sentiment que tu n’avais vécu jusqu’à présent et qui vient t’établir sa maison au fond de ton estomac. Au bout d’un moment à planer et à réfléchir, ça te frappe comme si un piano te tombait sur la tête. Tu es amoureux de cette fille. Comment est-ce possible, tu ne l’a jamais vu. Tout ce que tu connais d’elle c’est ce qu’elle t’a si bien raconté se soir et qu’elle est loin, si loin de toi, voir même inaccessible. Les larmes embrouilles tes yeux, tu n’as même pas eu la chance de croiser son regard et de l’embrasser une seule fois que déjà tu as les larmes aux yeux. Tu finis par t’endormir en ne pensant qu’à sa voix et en essayant de t’imaginer ce dont elle peut bien avoir l’air avec une voix aussi charmante.
26 octobre 1997 :
Le lendemain après-midi, tu es réveillé par la sonnerie du téléphone. En raison d’une fatigue extrême qui te viens du fait que tu as passé la nuit non pas sur la corde à linge mais au bout du fil, tu es long à comprendre que c’est pas dans ton rêve que je téléphone sonne mais bien dans le vrai monde. Tu te précipite pour aller répondre et tu te rends comptes que ce que tu croyais être un rêve ne l’étais pas du tout. Cette fille qui t’obsède depuis hier soir est au bout du fil. Tu discutes avec elle un moment et tu te t’aperçois rapidement que tes émotions d’hier soir ou plutôt de ce matin ne t’on jamais abandonner. Même si tu voudrais te défaire de ce sentiment qui est comme un feu à l’intérieur de toi, ça te paraît impossible car tu es bel et bien amoureux de cette fille et le simple fait d’entendre sa voix, te fait avoir les jambes molles. Bien évidemment, cette fille dont tu es amoureux, ressens la même chose que toi, crois-moi. Cette fille qui s’était juré il y a quelques mois de ne plus jamais tomber amoureuse, n’aura pas tenu sa promesse bien longtemps. Malheureusement la conversation téléphone de cet après-midi ne sera pas aussi longue que celle de la veille car tu as un match de hockey se soir à Beloeil et tu dois te préparer et aller chercher un joueur chez sa mère à Longueuil. Nous devrons donc attendre au lendemain soir six heures pour avoir le bonheur de se reparler de nouveau. Tous les deux vous avez les mêmes questions en têtes… De quoi l’autre à t’il l’air ? Est-ce possible de ressentir quelque chose d’aussi fort pour une personne qu’on a jamais vu ? Est-ce possible que tout ce dont j’ai toujours rêvé du sexe opposé soit en cette personne ? Comment allons-nous faire pour nous voir avec huit cent kilomètres qui nous séparent ?
27 octobre 1997 :
Cette journée nous a paru la plus longue de notre vie. On avait à peine pu se reparler depuis cette fameuse nuit où toute notre existence a pris un nouveau tournant. En ce qui me concerne j’ai passé la journée à l’école, incapable de me concentrer sur mes études je t’ai écris des lettres toutes la journée. De ton côté, tu as parlé de moi toute la journée avec un de tes collègues " Gilbert ". Il s’est vite rendu compte que je n’étais pas une simple connaissance de " Chat " à tes yeux. Malgré que toute cette histoire sorte complètement de l'ordinaire, il te conseil d'écouter ton cœur car des histoires comme celles là, c'est pas tout le monde qui aura la chance d'en vivre une. Tu te demandes même si on va se vraiment se reparler. Et pendant l'heure de route que tu as à faire pour ton retour à la maison se soir là, la seul question que tu te poses est à savoir si je vais te rappeler ou non. Tu n'auras pas à te questionner trop, trop longtemps car en entrant dans la maison se soir là, ta mère est déjà au téléphone avec moi. Ne sachant pas à quelle heure tu arrivais de travailler, j'ai appelé chez toi vers dix-huit heures moins quart et je suis tombée sur ta mère qui a eu l'amabilité de me jaser un peu. Dès ton entré dans la maison elle s'empresse de te dire " Téléphone ". La première question qui te vient à l'idée c'est de savoir si c'est moi qui attends à l'autre bout du fil ??? Quel soulagement tu as ressenti quand tu as entendu ma voix, tu étais tellement content d'entendre ma voix que j'en suis restée bouche bée. Comme la journée m'étais paru si vide et si longue dans l'attente d'enfin te téléphoner le soir venu, je n'avais été capable d'attendre une seconde de plus pour prendre l'appareil et composé ton numéro.
On s'est parlé un moment et tu m'as avoué avoir quelque chose d'important à me dire et que je serais peut-être fâchée contre toi par rapport à ce que tu avais à me dire. À l'instant même ou j'ai entendu ces mots, mon estomac c'est noué. J'avais tellement peur que tu me dises que tout ça n'avait de sens et que tu préférais que je ne t'appelle plus. Il y avait tout de même près de sept ans de différence d'âge entre-nous et comme je n'étais pas majeur j'étais convaincu que tu ne voulais plus me parler pour ne pas avoir d'ennuis. Je ne pouvais me trompée d'avantage qu'avec cette pensée saugrenue. Tu as donc commencé à m'expliquer que c'était plus fort que toi et qu'aujourd'hui au travail tu n'avais cessé de parler de moi. Avant d'arriver à la maison tu t'es arrêté au dépanneur et encore une fois avec plus de fougue que jamais tu as parlé de moi au gars du dépanneur. Je ne comprenais pas ce qui avait de mal là-dedans ? C'est là que tu m'as dit, qu'à chaque fois que tu as parlé de moi, au lieu d'utiliser mon prénom, tu disais " ma nouvelle blonde ". Après avoir prononcer " ma nouvelle blonde ", il y eût un silence interminable. Toi tu étais mort de trouille parce que tu avais peur que ça me fâche ou que je trouve que tu ailles trop vite en affaire. Et moi j'étais sous le choc, impressionnée que pour une fois dans ma vie, un homme s'intéresse vraiment à moi pour autre chose que pour mon cul. Au bout d'un moment tu m'as demandé de dire quelque chose car tu étais mal à l'aise. Je t'ai alors demandé pourquoi ? Pourquoi ne pas avoir tout simplement utilisé mon prénom ? Pourquoi dire ma nouvelle blonde alors qu'on ne s'est jamais vu ? L'explication que tu m'as fournie était totalement incompréhensible tellement tu as bafouillé. Mais quand tu l'as répété j'ai eu l'impression d'entendre le chant d'un signe tellement ce que tu m'as dit était beau. Tu m'as répondu, j'ai dit ça simplement parce que je t'aime. Je sais que tu vas dire que je suis fou d'être tombé amoureux d'une fille que je n'ai jamais vu, mais c'est comme ça et je ni peu rien, je t'aime Nadia. C'était la première fois qu'on me disait je t'aime en étant sincère. Alors pas besoin de t'expliquer pourquoi ce moment est gravé dans ma mémoire à tout jamais. Je n'ai pu résisté à l'envie de te répondre " moi aussi je t'aime ".
Ensuite on a rigolé en pensant ce que nos parents et amis diraient. S'aimer sans jamais s'avoir vu, sans savoir si l'autre a l'apparence d'un nain de jardin. Et tu m'as dit, et si j'étais handicapé, ou vraiment, vraiment laid. Je t'ai expliqué une chose que je pensais à l'époque sur l'apparence physique et que je pense aujourd'hui. Et je crois que notre longue relation est la preuve que ma théorie est bonne. Prenons la plus belle des filles. Tu la trouves tellement belle que tu as du mal à te concentrer quand elle te parle. Mais plus que tu apprends à la connaître, plus tu te rends compte que ses valeurs et ses convictions sont bien loin des tiennes. Le résultat sera que petit à petit ton intérêt pour elle diminuera et du fait même tu la trouveras de moins en moins belle. Pas au point de finir par la trouver laide mais disons juste qu'elle ne t'attira plus autant qu'au début et il te sera impossible de tomber amoureux d'elle. Pas contre prend une fille ordinaire, que certains qualifient de laide et d'autre de jolie. Donne-toi la peine d'apprendre à la connaître et si c'est une bonne personne et que ses valeurs et ses convictions te rejoignent, tu finiras par l'apprécier d'avantage à chaque fois que tu auras la chance de la voir. Pour un jour te rendre compte qu'il se pourrait que tu en sois amoureux. Ce qui aura pour conséquence qu'à ce moment là, à tes yeux elle sera la plus belle femme de la terre. Pourquoi c'est ainsi ? Simplement parce que l'essentiel est invisible pour les yeux, on ne voit bien qu'avec le cœur. D'autant plus que la beauté réside dans l'œil de celui qui la regarde. Donc à moins d'un cas d'extrême laideur, ou que tu ne sois pas une personne propre, il est impossible que je cesse de t'aimer en te voyant. J'ai bien expliqué ma théorie car non seulement je t'ai convaincu mais j'ai convaincu ma mère et la tienne avec ces phrases. Tout le monde pensait bien que nous deux ça ne fonctionnerait pas, de mon côté on pensait que j'allais me faire, violer, tuer ou découper en petits morceaux et qu'on me retrouverait sur le bord d'un chemin dans un sac à poubelle vert. De ton côté, ils étaient convaincus que j'allais vider ton compte de banque. On est la preuve aujourd'hui qu'ils avaient tous tors.

Après ce premier " Je t'aime " qui n'était absolument pas le dernier. On a jaser 8 jours au téléphone de dix huit heure à un heure du matin à chaque fois. On voulait tellement se voir, afin de savoir si tout ces sentiments seraient les mêmes une fois qu'on serait côtes à côtes. Au bout de 10 jours après la première fois où on s'est parlé au téléphone, je suis venue te voir à Montréal en train. À dix-sept heure trente jeudi le six novembre, tu devais être à la gare centrale de Montréal pour rencontrer celle qui faisait battre ton cœur depuis dix jours. J'ai pris le train à cinq heures du matin. Je devais faire un long voyage de douze heures et demi avant d'enfin pouvoir te voir, te regarder, sentir ton odeur, te toucher et surtout t'embrasser. J'avais tellement hâte de t'embrasser. Dans le train je t'ai écrit une lettre sur un sac de papier bleu et sur un papier serviette. Ce douze heure d'attente m'a semblé être douze mois. Une heure avant d'arriver à destination je vois la compagnie de farine " Five Rose ", j'étais convaincue qu'enfin on arrivait, malheureusement ce n'étais pas le cas. On devait faire le tour de Montréal et il me restait une interminable heure avant d'arriver à destination. La peur qu'on avait tous les deux était la même. Et si l'autre ne se présentait pas au rendez-vous ? Si ça ne cliquait pas du tout pour l'autre et que moi je suis en amour par-dessus la tête ou encore l'inverse ? À dix-sept heure trente je débarquais du train. Seule à Montréal où je ne connais absolument personne, avec pas plus d'argent qu'il ne le faut dans mes poches. Et si tu étais vraiment un fou, si tu essayais de m'agresser ? Chez qui j'irais, vers qui j'irais ? Le prochain train n'est que lundi prochain. De jeudi à lundi c'est long quand tu es à huit cent kilomètre de chez toi sans connaître personne dans les environs. J'étais terrifiée et pour la première fois je me demandais sérieusement dans quoi je m'étais embarquée. J'ai été chercher mes bagages et ensuite j'ai été m'asseoir. Une chinoise est venue s'assoire à côté de moi, je m'en souviens car c'était la première fois de ma vie que je voyais une personne de race chinoise. Tu m'avais dit que tu porterais un manteau bleu, blanc et rouge ainsi qu'une casquette bleu. Mais ne vois-tu pas qu'un gars passe deux, trois fois devant moi, me fait des clins d'oeils et à l'air d'avoir trouvé en moi la personne qu'il cherchait. Le seul hic c'est qu'il mesure cinq pieds et qu'il a vraiment, mais vraiment l'air d'avoir une seul neurone sur qui il peut compter. Et je me souviens de tes paroles quand tu m'as dit " et si j'étais mongole ". Pendant un moment j'ai vraiment cru que ce gars là, bien c'était toi et je me suis mise à pleurer comme un bébé. J'étais coincée à la gare de Montréal où je ne connaissais personne et la personne chez qui devait aller est plus laid qu'un cul de chameau et moins intelligent qu'une souris morte. La panique c'est emparée de moi à la vitesse du son. La chinoise à côté de moi voulait me consoler mais elle parlait anglais et pour moi l'anglais ça sonnait comme du chinois, quoi que elle me parlait peut-être en chinois aussi puisqu'elle était chinoise. Peu importe, je ne comprenais aucun des mots qu'elle prononçait. Je me suis levée et j'ai vu un beau gars, je me souviens m'avoir dit " ça n'aurait pas pu être lui à place ". Ensuite je me suis sentie coupable d'avoir pensé ça alors que je suis censé être en amour avec toi, quoi que si c'était bien toi, la neurone de tantôt, je ne me sentais plus coupable du tout. Le gars se rapproche de moi et je constate qu'il a un manteau bleu, blanc, rouge et une casquette bleu. Il est très séduisant, pas rasé tout à fait comme j'aime.

Ce beau gars fini par passer à côté de moi sans même me regarder. À ce moment je suis convaincue que ce gars n'est pas toi du tout car il n'a pas l'air de chercher qui que se soit. Mais un détail retient mon attention. Sur la manche de son manteau c'est écrit Stéphane et au dos de son manteau c'est écrit Sainte-Julie. Sans réfléchir je crie Stéphane, il se retourne et au premier regard je comprends immédiatement que c'est toi. Quel soulagement, premièrement parce que le crétin de tantôt ce n'était pas toi et deuxièment parce que le gars que je me suis sentie coupable de trouver beau, c'est toi. Nous avançons donc l'un vers l'autre, timidement en éprouvant un grand soulagement au fond du ventre. Mais plus on avance l'un de l'autre, notre estomac se rempli alors d'une armée de papillons qui battent leurs ailes à pleine vapeur. Tu constates que j'ai pleuré et tu me prends dans tes bras. Je me défais de ton emprise, je pose mes deux mains moites et tremblante sur ton beau visage et avec la douceur d'un cygne je viens poser mes lèvres sur les tiennes. Les feux d'artifices de la ronde ne sont rien à comparer de l'explosion que nous avons eu dans le ventre au moment où nos deux bouches se sont connectées l'une à l'autre. C'est comme si la terre avait soudainement arrêté de tourner, comme si nous étions devenus ultra léger avec une impression de flotter. Plus rien n'existait autour de nous, tous les problèmes du monde étaient résolus. Tout semblait beau, tout sentait bon, tout était doux, c'est comme si nos sens étaient envahis par la sensation la plus positive qui soit pour chacun d'eux. C'était magique, c'était doux, c'était parfait. Ensuite je regarde droit au fond de tes yeux bleus clair comme l'eau de l'océan et je te dis " tu vois, je suis venue et comme je te l'avais dit, je te trouve beau et je suis convaincue plus que jamais d'être follement amoureuse de toi ". On s'embrasse et se serre fort un bon moment et ensuite, on s'en va à ta voiture. En embarquant dans la voiture, tu veux absolument me faire écouter une chanson. C'est " D'L'amour j'en veux plus " de Éric Lapointe. Je trouve que ce n'est vraiment pas de circonstance mais ce n'est pas grave. Ensuite on discute et l'atmosphère est vraiment super agréable. La complicité qui s'installe entre nous est vraiment spéciale. On arrive soudain à une lumière rouge et tu en profites pour m'embrasser, je trouve ça vraiment mignon. Tu prends ensuite le temps de m'expliquer que depuis dix jours, tu aimes attendre à une lumière car tu profites de l'occasion pour penser à moi. Rien de trop beau pour me charmer. Moi aussi j'ai besoin de t'expliquer une chose, une peur que j'ai depuis qu'on a décidé de se voir. J'ai peur que tu veules me voir simplement pour une question de sexe. Ta réponse m'a jeté par terre. Je l'ai tellement aimé que je l'ai coulée dans ma mémoire comme si je l'avais coulée dans du ciment. Tu m'a répondu que si un jour t'étais désespéré à ce point d'avoir du sexe tu irais sur la Ste-Catherine avant de faire déplacer une fille de huit cent kilomètres. Tu ne pouvais pas mieux répondre.

Se soir là, j'ai passé pour la première fois de ma vie sur le pont Jacques Cartier. Quand on est passé devant le ciné parc de Boucherville tu m'as dit, regarde il y a un film qui joue. Stupéfaite que les ciné-parcs de Montréal sont ouvert l'hiver, je me suis dépêché de regarder pour constaté que le film à l'affiche s'intitulait " Fermé pour l'hiver ". Ensuite nous sommes allés chez toi où j'y ai rencontré ton père pour la première fois. Ensuite nous sommes descendus au sous-sol et on s'est longuement embrassé. On a entendu ta mère arriver et on est monté afin que tu me présentes à elle. Ensuite tu m'as laissé seule avec tes parents et tu es allé prendre ta douche. Wow, ce que tu étais beau dans ton beau chandail quand tu es remonté. Ensuite on a passé une super semaine.

Le premier soir nous sommes allé souper au restaurant chinois, car j'adore le chinois. C'était tellement romantique. Tu n'arrêtais pas de sourire et tu me faisais perdre la tête avec tes petits trous dans les joues avec ton air gêné. Je t'aurais sauté dessus en plein restaurant. C'était le plus beau souper de toute ma vie. Le lendemain tu m'as présenté à tes amis et nous sommes allés au cinéma voir l'avocat du diable avec Al Pacino et Keenu Reeves. Tu as dormi tout le long, tu as même ronflé, pas fort… Après on est allé manger un bagel chez Tim Horton et on est retourner chez toi se collé à deux dans un lit simple. Le lendemain, on a été me choisir un appartement dans le quartier Saint-Michel et à notre retour on s'est loué des films Jerry McGuire et Non Coupable. Le dimanche on a marché la moitié de la ville à la recherche d'une pharmacie pour des condoms. C'était vraiment drôle. Le lundi je suis allé m'inscrire à l'école avec ta mère en attendant au soir pour passé un autre belle soirée en ta compagnie. On a écouté un film et on s'est collé tôt. Le mardi a été une journée difficile car je devais partir le lendemain et j'ai appris qu'on avait dévalisé mon appartement à Rouyn-Noranda et que j'avais tout perdu. De plus je n'étais pas assuré. Pour notre dernière soirée, tu m'as amené manger au même resto qu'à mon arrivé, j'ai trouvé l'idée romantique. En entrant nous sommes tombé sur la même serveuse et sans qu'on lui demande, elle nous a assigné la même table. C'était une fois de plus magique de me retrouver là avec toi. De retour chez toi, on a jasé, on s'est collé et on a pleurer à l'idée s'une éventuelle séparation le lendemain matin. J'avais beau te faire comprendre que je m'étais pris un appart et que je partais seulement pour aller chercher mes affaires, tu étais persuadé que je ne reviendrais jamais, laissant cette fabuleuse semaine derrière nous. Tu te trompais sur toute la ligne…
Le mercredi matin, fallait se levé très tôt. Je devais être à la gare à sept heure, ce qui voulait dire qu'il fallait partir de chez tes parents à six heures du matin. C'est en pleurant qu'on a pris nos douches et qu'on a fait ma valise. Je t'ai laissé les clés de mon appart pour que tu m'y attendes à mon retour, j'ai bouclé ma valise et nous sommes partis. Dans l'auto on a écouté la chanson " Don't want to lose your love " de N-Trance, pendant tout le trajet. L'approche de la gare était imminente et plus on s'approchait pour on avait le cœur qui se resserrait sur lui-même. Depuis quelques jours qu'on appréhendait se " au revoir " qui serait tout sauf facile. Tu pleurais tellement que je ne me suis pas laissé aller. Je te devais d'être forte pour la semaine de rêve que tu venais de me faire passer. Quoi qu'il arrive cette semaine resterait ancré au fond de ma mémoire et de mon cœur à tout jamais. On était mercredi le douze novembre. Je savais que je reviendrais avec toutes mes affaires, mais je ne savais pas quand. Je suis donc repartie chez moi, le cœur gros, mais rempli de bonheur auquel je ne m'étais jamais permis de rêver et où les je t'aime volaient dans tous les sens.

À mon retour j'ai du réglé mon histoire de vol à mon logement. Et résilié mon bail, canceller mes cours et trouver une façon de déménager mon stock. Finalement tout s'est fait rapidement et samedi le quinze novembre au soir nous serions réuni à nouveau et ce pour de bon. Mais bon même si tout c'est réglé rapidement, ça ne s'est pas fait facilement. J'ai eu du mal à trouver un moyen de déménager et c'est toi qui a du payer. J'étais vraiment mal à l'aise. Comme je n'étais pas assuré pour mon appartement, j'avais vraiment perdu mon micro-onde, mes cd, ma télé, mon vidéo, mes jeux vidéos, ma chaîne stéréo, mes bijoux et j'en passe pour toujours. Je n'ai pas trouvé ça évident mais quand on s'est parlé se soir là au téléphone, tu me réservais une belle surprise. Je t'ai dis que je comptais me trouver un coloc une fois déménager car je ne pouvais payer un loyer à moi seule. Pour toi, c'était hors de question. Tu as donc proposer de devenir mon coloc à condition qu'on partage la même chambre et le même lit.

15 novembre 1997 :
Vingt et un jours se sont écoulés depuis notre première conversation téléphonique. Et pourtant se soir nous allons tous les deux commencer une nouvelle vie. On va habiter ensemble. Il y a trois semaines on était tous les deux célibataires et on avait l'intention de le rester. Mais sans qu'on voit venir quoi que se soit, tout à basculer, dans le bon sens heureusement. Nos vies allaient être différentes et les adaptations ne faisaient que commencer.

Aujourd'hui on est le cinq septembre deux milles sept, on est toujours ensemble et amoureux l'un de l'autre. Le parcours à été semé d'embûche, que nous avons su surmonter avec brio. La plus belles de nos réussites ? Nos deux filles sans contredits. Qui a dit que les relations qui ont débuté par Internet ne pouvait durer ?

Qu'avons-nous appris ? Que l'amour sincère est capable de tout.

L’amour est toujours passion et désintéressé, il n’est jamais jaloux. L’amour n’est ni prétentieux, ni orgueilleux, il n’est jamais grossier, ni égoïste, il n’est pas colérique, et il n’est pas rancunier. L’amour ne se réjouit pas de tous les péchés d’autrui, mais trouve sa joie dans l’infinité. Il excuse tous, il croit tous, il espère tous et endure tous. Voila ce qu’est l’amour