2 novembre 2010

S'il fallait qu'un jour, la vie t'arrache à moi…

Bonjour tout le monde, la dernière fois que j'ai écrits sur mon blogue, je venais d'apprendre que j'étais enceinte de mon petit Samuel. Près de neuf mois plus tard, je prends quelques minutes pour venir vous écrire.

Tout le long de ma grossesse, j'avais complètement perdu l'envie de faire tout ce que j'adore faire en temps normal, sûrement les hormones... Par contre à présent, je passerais ma journée devant mon portable à écrire et écrire. Mais avec un petit bébé, ce que l'on veut et ce que l'on peut sont deux choses bien distincte...

J'avais envie de vous écrire ce soir, pour vous donnez des nouvelles. Je reviendrai sous peu vous faire part de mon récit d'accouchement. Pour le moment, je ne suis pas encore capable de l'écrire car, je n'ai pas encore accepté ou plutôt digérée tout ce que comporte la naissance de mon fils...

Ma fin de grossesse n'a pas été, disons des plus reposantes. La naissance de mon fils non plus d'ailleurs. Vous savez dans la vie, il y a parfois des moments où l'on se dit, ça va trop bien ce n'est pas normal. Et là tout le monde vous dit : Ben voyons, arrête de t'inquiéter, tout va bien... Mais malgré ces mots d'encouragement, on continue à écouter la petite voix en nous qui nous dit, non, ça ne va pas...

C'est comme ça que ça c'est passé quand mon fils est né. Et mon instinct a eu le dessus sur tout le reste. Ça n'allait pas et ça ne va toujours pas... Une naissance, c'est un moment incroyablement fort en émotion. On assiste "live" à un miracle quand un enfant vient au monde... On assiste à la création de la vie, à l'aboutissement final du résultat d'un amour très fort entre deux personnes. Une naissance devrait toujours être un moment heureux. C'est si fort et intense ce que l'on ressent quand notre regard ce pose pour la première fois sur ce petit être si fragile qu'est notre enfant. Une explosion d'amour se produit alors dans notre coeur et on sait que pour le reste de notre vie, quoi qu'il advienne, on se consacrera entièrement à aimer ce petit enfant et à le protéger coûte que coûte.

La naissance de mon fils, n'a pas été un pur moment intense de bonheur. Elle s'est fait dans le stress et l'angoisse. L'interminable moment où l'on attend de se faire dire, Félicitation madame, vous avez un beau bébé en santé. Je n'ai pas eu la chance d'entendre cette phrase. Oui j'avais un beau bébé, mais on a du sauté la partie où l'on devrait mentionner en santé...

Je suis une mère poule, ou plutôt une mère couveuse, une protectrice qui veut à tout prix que ses enfants soient comblés d'amour et de bonheur. Rien ne compte plus à mes yeux que le bonheur de mes enfants. Rien ne compte plus à mes yeux que mes enfants vivent vieux et en santé. Santé... juste à écrire ce mot j'ai des frissons. Samuel a eu en cadeau, des parents qui l'aime plus que tout, une belle famille qui était prête depuis longtemps à l'accueillir, deux grandes soeurs excitées de le voir et déjà bien en amour avec leur petit frère, des grands-parents dévoués et le meilleur parrain et la meilleure marraine qui soit possible d'avoir. Sans compter nos amis proche qui sont comme de la famille pour nous qui l'aiment tous déjà beaucoup. Il y a pleins de gens qui l'aimaient avant même qu'il voit le jour. Il avait déjà reçu tout cet amour en cadeau avant même de voir la lumière du jour.

Mais, il n'a pas reçu la santé en cadeau...

Je sais, je devrais me réjouir, il n'a pas la leucémie, le cancer ou la sclérose en plaque... Mais il n'a pas la santé qu'un petit bébé mérite d'avoir non plus. Il est né dans un état critique, son coeur a balancé entre la vie et la mort. Heureusement, son choix s'est arrêté sur la vie et depuis, il se bat sans relâche pour survivre. Mais, il a été très malade et il l'est encore.

Samuel, ne respirait pas bien à la naissance, ses poumons n'étaient pas bien développés du tout. Ça lui prenait toute son énergie pour respirer et ça le fatiguait beaucoup. Ça fatiguait également son coeur et c'était très dangereux pour sa vie. Il avait également du liquide dans les poumons et de l'air c'est accumulé autour de son coeur, ce qui le comprimait et l'empêchait de battre correctement. Ils ont du lui faire des injections pour ses poumons, l'intuber et l'opérer pour lui mettre un drain qui allait enlever l'air autour du coeur.

Moi qui attendait depuis des mois de pouvoir prendre mon petit bébé dans mes bras, moi qui est ultra protectrice et possessive avec mes petits bébés, je ne pouvais même pas toucher le miens. La première fois que je l'ai vu, il avait près de 24h de vie. Et je dois vous dire que cette première rencontre a été un choc pour moi. Il avait tellement de difficulté à respirer... C'était difficile à regarder, je n'avais qu'une impression... Mon bébé allait mourir devant mes yeux et je ne pouvais rien faire pour empêcher ça. Je ne pouvais pas croire que je risquais de perdre ce petit bout de ma chair et de mon sang pour qui j'éprouvais tellement mais tellement d'amour. Il devait fournir tellement d'effort pour réussir à faire entrer un peu d'oxygène dans ses poumons, ça lui semblait si difficile d'accomplir une chose qui est innée pour nous et sans effort... RESPIRER...

J'avais l'impression d'être morte, j'avais l'impression d'être en arrêt cardiaque, j'avais l'impression que le temps était suspendu, j'avais l'impression que la terre avait cessé de tourner et pourtant, en même temps, j'avais tellement mal. Je me sentais comme une vitre par laquelle on a lancé une balle de Baseball, je me sentais éclater en des milliers d'éclats de verres...

Ce que j'avais devant les yeux était mon petit bébé et c'était trop lourd à regarder, je n'en pouvais plus, mon coeur n'en pouvais plus, j'avais trop mal, je suis partie. Au fur et à mesure que je quittais les soins intensifs, je me sentais comme la pire des mères du monde, qui abandonnait son enfant seul à son triste sort. Je n'étais pas assez solide pour assister à sa souffrance en direct. J'étais en chaise roulante, ma césarienne me faisait souffrir le martyr mais ce n'était rien par rapport à la détresse de mon coeur causé par la fragilité de mon bébé qui se battait pour sa vie.

Les heures qui ont passés, n'ont fait qu'aggraver cette souffrance. Mon fils dépérissait à vu d'oeil, je sentais la vie, l'abandonner peu à peu. J'avais beau prier, espérer et pleurer toutes les larmes de mon corps, son combat commençait à sembler trop difficile pour lui. Il avait des fils de branchés de partout, un espèce de gros tube sur le nez et la bouche et il recevait tout pleins d'oxygène, mais ce n'était pas assez. Je voulais qu'il aille bien, je voulais le prendre dans mes bras, l'admirer, le cajoler, le bercer, dans le pire des cas, simplement le toucher. Mais je ne pouvais pas et ça me faisait tellement mal.

Et puis, on est venu m'annoncer que mon petit bébé devait être transféré dans un autre hôpital. C'était de la torture, je savais qu'il allait mal, mais je ne voulais pas m'avouer que c'était si pire que ça. Pire encore, il devait partir sans moi, déjà que je ne pouvais le toucher, il serait à des kilomètres de moi, à des kilomètres de mes yeux, à des kilomètres de mon coeur. On ne pouvait pas m'enlever mon bébé, ce n'était pas possible, je ne pouvais pas le croire, je ne voulais pas le croire... Pourtant, c'était bien vrai... C'était la réalité... Je savais que c'était pour qu'il aille mieux, mais moi, tout ce que je voulais c'était de pouvoir prendre mon bébé, de célébrer sa naissance, de vivre ce moment dans le bonheur, de le partager avec les gens que j'aime. De vivre sa naissance, comme on célèbre une naissance en temps normal. Mais là, rien n'était normal.

Je n'arrivais plus à respirer tellement je pleurais, l'air me brûlait les poumons comme du feu, je voulais mourir. J'avais tellement peur pour sa vie, si je n'avais pas eu mes deux autres filles et qu'il serait arrivé quelque chose à mon petit bébé, je ne sais pas ce que j'aurais fait. Jamais dans toute ma vie, je ne m'étais sentie dans une telle détresse. Je ne savais plus à quoi m'accrocher. Mais il faut toujours le fond, pour se donner un air d'aller et revenir à la surface. Et c'est ce que j'ai fait...

Une fois rendu au Children, Samuel s'est mis à aller mieux. Il recevait les soins adéquats et son état s'améliorait... On a pu revenir à Pierre-Boucher au bout de 4 jours. Il avait toujours des fils de brancher un peu partout mais au moins, on pouvait le prendre, le toujours, le regarder de près, centimètre par centimètre, le sentir, ça sent tellement bon un petit bébé... Il a continué à prendre du mieux côté respiratoire mais il a commencé à vomir et à ne pas garder son lait. On a vite compris que comme sa soeur Sophie, il ne tolérait pas le lait normal. Les médecins ont donc décidé de le mettre sur un lait anti-allergène. Ça bien fonctionné au début, il ne vomissait plus du tout, tout allait bien. Enfin, mon petit bébé allait reprendre le dessus et dans quelques temps, on allait parler de tout ça au passé...

ERREUR, il a commencé à régurgiter, et à faire du reflux. Il avait beau avoir du lait spécial, il faisait quand même du reflux. On a quand même eu notre congé de l'hôpital, il avait une petite infection dans sa plaie où était installé son drain mais sinon, il était assez bien pour enfin rentrer à la maison, où il était fort attendu... La première nuit à la maison, ne fût pas sans difficulté. À son boire de 2h00, il s'est mis à vomir, par la bouche et par le nez. Et il s'est étouffé, j'avais beau lui tapé dans le dos, il était complètement étouffé, il ne respirait pas, ne semblait pas être capable de reprendre son air. J'étais larguée, paniquée, effrayée. Je ne pouvais pas croire qu'alors qu'on pensait que tout allait bien que mon bébé allait me mourir ça dans les bras, étouffé par son lait. JE NE VOULAIS PAS. Je l'ai couché sur le ventre sur mon avant bras, je l'ai penché la tête par en bas et je lui ai tapé dans le dos. Il était tout mou, inanimé, bleuté et n'avais aucune réaction. Je lui disais de respirer, de se battre de ne pas me faire ça, ça n'y changeait rien, il ne respirait toujours pas. J'ai crié à mon chum de venir, je voulais qu'il appel un ambulance, mon fils était en train de mourir et j'avais beau faire tout ce qui était en mon possible de faire, je n'arrivais pas à le sauver. Quand mon chum est entré dans la chambre, j'ai entendu un petit étouffement, puis un autre et soudain un hurlement. Vous savez, le genre d'hurlement qu'on entend quand un bébé naît, comme le premier cri. Je pouvais me remettre à respirer, mon bébé pleurait. Je n'avais jamais été aussi heureuse d'entendre mon bébé pleuré, ça voulait dire qu'il était en vie. Il aurait pu pleurer toute la nuit, ça ne m'aurait pas dérangée, car il était en vie...

Deux jours plus tard, j'ai vu la pédiatre, elle lui a prescrit un médicament contre le reflux qui n'a rien fait du tout. Mon bébé, vomissait en jet et en grosse quantité. Dans ces moments là, tout le monde a une théorie, et tout le monde pense que le médecin ce trompe... Moi et mon chum, on était rendu stressé de faire boire notre petit coeur, on avait peur qu'il vomisse ou encore pire qu'il s'étouffe... Comme il continuait de vomir, nous sommes retourné chez le pédiatre et nous avons eu une prescription pour un médicament contre le reflux plus fort. Au bout de deux jours, nous avons vu une amélioration, il vomissait en jet une fois seulement par jour au lieu de six fois. Mais après deux autres journées, il s'est remis à vomir et à vomir... L'inévitable arriva, mon petit bébé s'est encore étouffé, son vomit lui avait sortie par la bouche, le nez et les coins de yeux. Je ne savais même pas que du vomit pouvait sortir de là... Peut importe, il ne respirait plus, commençait à devenir bleuté et je me disais que j'avais eu de la chance la première fois, mais allais-je être aussi chanceuse cette fois-ci ??? Heureusement oui, mais croyez-moi que le lendemain matin, je me suis pointée au Children pour éclaircir ça avec un pédiatre. Ce n'est pas vrai que j'allais laisser mon bébé vomir de la sorte...

Après un écho en long et en large de sa bedaine, les pédiatres n'ont trouvé aucune malformation, aucun problème visible à l'échographie. Avec un gastro-entérologue, ils en sont venus à la conclusion de doublé sa dose de prévacide, son médicament contre le reflux. Ce qu'on s'est empressé de faire... Miracle, nous avons eu un beau 48h sans régurgitation, sans vomissement. Malheureusement, nous avons crié victoire, un peu trop vite... Samuel s'est remis à vomir une fois par jour, en jet, par la bouche, le nez et les yeux. Et il régurgite de plus en plus chaque jour. Et ce soir, encore une fois, il s'est étouffé, il a cessé de respirer et il est devenu tout mou et bleuté. Le positif dans tout ça est que j'ai réussi à le débloquer et à faire en sorte qu'il recommence à respirer.

La question est de savoir, combien de fois je vais réussir ??? Pourquoi, personne ne trouve ce qu'il a. Vais-je devoir faire tous les hôpitaux pour enfant jusqu'à ce que quelqu'un trouve son défaut de fabrication ??? Et si la prochaine fois, je ne réussissais pas à le ramener, et si il mourrait dans mes bras ? Et si je devais me sentir coupable le reste de ma vie parce que cette fois-ci, je n'ai pas réussi à le sortir de son étouffement ??? Ça ne peut plus durer, mon fils se lamente, se tortille et pleure toute la journée parce qu'il a mal. Il vomit, ça lui sort de partout et il s'étouffe à en devenir bleu. Et moi, je devrais rester là sans rien faire parce que personne ne trouve ce qu'il a. Parce que tous les examens sortent normaux.

Je veux bien être positive et me dire qu'un jour tout ça sera derrière nous, qu'il ira bien et qu'il me fera vivre l'enfer en faisant des mauvais coups. Mais pour le moment il ne va pas bien, ça s'améliore pendant quelques jours et ensuite ça redeviens aussi pire que c'était. Qu'est-ce que je dois faire, attendre qu'il meure et espérer qu'ils trouvent ce qu'il avait lors de son autopsie ??? J'ai beau être fatiguée, épuisée, stressé, épeurée, me sentir seule et être terrifiée à l'idée que mon petit bébé lou meurt. Chaque fois qu'il pleure, je me sens tellement soulagée.

Je ne sais plus vers qui me tourner, à quelle porte aller cogner, mais je vais continuer jusqu'à ce que quelqu'un trouve ce qu'il a, jusqu'à ce qu'il cesse d'être malade. Peut importe le nombre de temps que ça prend, je vais trouver quelqu'un pour le guérir. En attendant, c'est de la torture pour mon coeur de mère de le voir souffrir. Et une chose est certaine, son arrivé dans ce monde aura fait de moi une toute autre personne. Plus jamais je ne serai celle que j'étais avant le 20 septembre 2010. Je suis différente et je le sais, je le sens. Présentement je concentre mes énergies sur mon petit bébé malade et aussi à ne pas négliger mes deux autres amours, Camille et Sophie. Je ne dois pas non plus négliger mon travail, ni mon conjoint, ma famille et mes amis (es). Mais une chose est sure, je vais devoir à un moment ou l'autre prendre le temps de découvrir celle que je suis devenue car après tout ce que je viens d'endurée, il est de toute évidence clair, que je ne serai plus jamais la même…

Désolée de faire dans le mélodrame ce soir, mais il fallait que j'écrive tout ça pour être capable d'arrêter de pleurer. Merci à tous ceux qui prendront le temps de me lire et d'ajouter un petit commentaire…

Nadia
xxx