6 septembre 2011

Je suis en deuil...

Bonjour tout le monde,

L'an dernier à la même date, je passais mon temps à l'hôpital pour des échographies, monitoring et rendez-vous de suivi. J'avais des contractions en quantités industrielles et avec mon diabète qui ressemblait à des montagnes russes, je savais au fond de moi que quelque chose n'allait pas... J'ai un instinct très fort, qui me trompe rarement. Je me fis tellement à lui, ça doit être pour ça, lorsqu'il me joue un tour, que je suis aussi affectée...

Comme de raison, mon intuition était bonne et rien n'était partie pour bien aller... Dans quelques jours, ça fera un an, un an qu'on m'a dit "Je ne sais pas si votre bébé sera encore en vie en débarquant de l'ambulance"... Je me rappelle de l'ambulancier, de son visage, de son regard, de son air inquiet et du timbre de sa voix. Je me rappelle de mon bébé, inerte avec des tubes partout, intubé qui était endormi afin qu'il ne bouge pas et surtout ne s'épuise pas... Il avait l'air mort. Si vous saviez à quel point ces mots me pèsent....Mais si je suis honnête, il avait l'air mort.

Et je me suis sentie comme si c'était le cas... On est partie avec mon bébé en ambulance et moi j'ai du rester seule à l'hôpital. Mon chum a été merveilleux et il m'a rappelé pourquoi j'étais tombée amoureuse de lui. Mais malgré sa présence spectaculaire, je me sentais seule, et coincé. J'étouffais, comme si c'était moi qui étais dans un cercueil. Mon bébé était en vie, du moins pour le moment. Mais j'étais en deuil, en deuil de ce qu'est supposé être une naissance en temps général... J'ai manqué d'air avec lui ce soir là, car les ambulanciers étaient partis avec mon oxygène, mon précieux bébé pour qui j'avais tellement d'amour. Mon merveilleux bébé que je n'avais pas eu l'occasion de prendre dans mes bras. Mon magnifique bébé avec qui, je n'avais pas encore eu le privilège d'échanger ce regard qui nous unirait pour l'éternité.

Quand on tombe enceinte, veut, veut pas, on a hâte à la naissance. Ce moment où enfin, on tient notre bébé dans nos bras, le moment ou notre regard croise le sien et où à la seconde même on s'est qu'entre nous, c'est une histoire d'amour qui ira bien au delà de la vie... Je suis lié avec mon bébé, dans la vie et dans la mort. Pourquoi je parle de mort alors qu'il est en vie. Parce que la mort est venu le saluer, elle a décidée pour je ne sais quelle raison de ne pas l'emporter avec elle, mais elle nous a laissé un message clair... La vie nous est prêtée...Pour combien de temps ??? Avec les arrêts respiratoires de mon fils, j'ai du mal à croire qu'elle me laissera 70 ans avec lui. Je l'espère, de tout mon âme, de tout mon cœur et de tout mon corps. Mais qui peut gagner contre la mort ?

Je suis en deuil, depuis un an je suis en deuil. En deuil de tout ce que n'a pas été la naissance de mon fils. En deuil, des moments heureux que nous aurions du passer avec lui quand il est né. En deuil d'avoir mal au bras, à force de l'avoir collé sur moi. En deuil d'être toute mouillé parce que collés ont transpire. En deuil d'avoir envie de dormir parce qu'il pleure. En deuil, de voir nos familles et nos amis venir le voir à l'hôpital. En deuil d'un petit bébé tout rose qui donne des coups dans le vide, comme il le faisait dans mon ventre. D'un bébé qui pleure la nuit, parce qu'au moins il est à la maison et surtout en vie... En deuil, de mes filles qui auraient tant aimé nous voir arriver à la maison avec leur petit frère dans nos bras. Au lieu de ça, nous avions droit à des visages tristes de petites filles qui voulaient voir leur bébé frère. En deuil, de temps pour me reposer après ma césarienne. En deuil de temps passer avec mon bébé une fois qu'il est revenu à la maison. En deuil, d'un accouchement qui pour une fois ce serait bien passé. En deuil d'une vie qui aurait été bien différente si tout c'était passé normalement...

À tous ceux qui voudront me dire, qu'il faut aller de l'avant, que j'ai des beaux enfants en santé, qu'il n'est pas mort, de regarder ce que j'ai de beau dans ma vie et non de penser à ce ne s'est pas passé comme je le voulais... Je vais vous dire ceci... Désolée, mais vous ne savez pas de quoi vous parler... Vous n'avez pas vécu ce que j'ai vécu et même si vous avez vécu quelque chose de similaire, vous n'êtes pas moi, vous n'avez pas le même passé que moi, ni les même forces, ni les même faiblesses. Je ne m'attends pas à ce que personne ne comprenne. Ce blogue est pour me vider le cœur, je prends ce qui est enfoui quelque part dans ma tête, et je le couche ici. Je vous demanderais donc, de vous abstenir de morale à 10 cents et de commentaires blessant ou moraliste du genre, il n'arrive jamais rien pour rien.

Pour le moment, je n'accepte pas du tout ce qui est arrivé, je suis en colère, en colère contre tout et contre rien. Ça n'aurait pas du ce passer ainsi un point c'est tout. Dans quelques jours mon fils aura un an. Je ne suis pas capable de penser à cette journée sans pleurer comme un bébé qui a faim. Je suis incapable de me replonger dans sa naissance qui m'est si douloureuse à me remémorer. Je voudrais qu'il ne soit pas malade, je voudrais avoir de bonnes nouvelles à sa prochaine radio des poumons. Je voudrais qu'il respire normalement... Je voudrais qu'il soit capable de ramper pendant 5 minutes sans être essoufflé au point d'avoir le tour de la bouche mauve. Je voudrais qu'un médecin quelque part voie qu'il ne va pas bien, pas bien au point qu'on lui fasse des examens plus approfondies. Il prend des pompes deux fois par jour, des fois 4 et même à ça, c'est si difficile pour lui de respirer, alors que ça devrait être la chose la plus facile à faire. Comment accepter les choses quand je vois son ventre se creusé comme un enfant mal nourri en Afrique. Il ne manque pas de nourriture, il manque d'air... Malheureusement ça ne se vend pas à l'épicerie...

Mon bébé est un bébé miracle, un petit garçon exceptionnel qui aujourd'hui quand son regard croise le mien, de ce simple regard, je sais que je suis la personne la plus importante dans sa vie. Il n'est pas comme les autres bébés, il n'a pas eu un début de vie comme les autres bébés. Il ne sera jamais comme les autres. Juste pour se tourner, il doit faire quelques respirations de plus que les autres enfants de son âge. Lorsqu'il sourit, ça vaut des milliards parce que pour lui la vie est belle, il n'est pas conscient que la bataille ne fait que commencer, il n'est pas conscient que de lourds examens sont à venir pour lui et que la mort pourrait venir le saluer de nouveau. Je vais penser positif, je n'oserai pas trop en demander et souhaite qu'il soit en parfaite santé, même si c'est ce que je désire le plus au monde. Tout ce que je veux, c'est qu'il vive le plus longtemps possible et surtout sans souffrir, sans avoir mal... Pour moi Samuel est parfait, je l'aime à en mourir, tout comme j'aime mes filles. Je donnerais ma vie pour mes enfants, pour leur bonheur. Alors pour eux, j'ai l'ai forte, j'ai l'air à l'épreuve de tout et je ne laisse surtout pas montrer, que c'est la colère qui fait battre mon cœur...

À ce qu'il paraît, dans un deuil, à quelque part, il y a une étape, acceptation... Elle est bien loin devant et chaque jour est un pas vers elle. Je sais que viendra le jour, où je me dirai que tout ça est derrière nous. J'accepte avec bonheur et amour, le fils que j'ai et je n'en voudrais pas un autre... C'est sa naissance que je n'accepte pas en tout points. En attendant, je dois vivre et essayer d'accepter, que le petit bonheur est partie sans même me donner la main.






Samuel à son départ pour Ste-Justine

















Samuel il y a 1 mois, alors qu'il a l'air parfaitement normal et en santé, ce qui n'est tellement pas le cas...





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